Ils étaient réunis à Parent, fin novembre, pour leur premier séminaire. Ils se retrouveront à SuperBesse, du 15 au 17 janvier, pour le second. Soixante-cinq personnes passent actuellement le Diplôme universitaire de préparateur mental de l’UFR Staps de Clermont-Ferrand, formation placée sous la responsabilité d’Éric Doré et François Castell. Rencontre avec Michel Verger de l’équipe pédagogique.
Comment est né ce diplôme universitaire de préparateur mental ?
« J’ai rencontré Edgar Thill, responsable de la psychologie du sport à l’INSEP. J’ai repassé un DEA et une thèse dans le domaine de la psychologie du sport et cela m’a amené à devenir progressivement préparateur mental. La volonté de créer ce diplôme remonte à l’époque où j’étais enseignant à l’UFR Staps. C’était pour répondre aux demandes de plus en plus nombreuses des entraîneurs et des sportifs sur le mental. Ils s’entraînaient beaucoup mais, au moment de la compétition, ils perdaient leurs moyens, ils avaient des problèmes de stress à gérer, de distracteurs internes comme une douleur après un gros plaquage par exemple ou externes comme le public, un adversaire, le temps. »
Aujourd’hui, la préparation mentale est reconnue dans la performance. Il y a quinze ou vingt ans, c’était loin d’être le cas ?
« Il existait des choses, mais cela n’était pas rationalisé et organisé. Aujourd’hui, le Cercle des nageurs de Marseille est la seule structure en France à disposer d’un préparateur mental à temps plein. Aux États-Unis, c’est monnaie courante. Dans les grosses structures professionnelles ou universitaires, ils disposent d’un préparateur mental à temps plein. »
Quatorze encadrants dans l’équipe
Ce diplôme universitaire de préparateur mental existe depuis quand ?
« Depuis 2004. Avant 2012, il y avait une vingtaine de diplômés par promotion. Depuis le passage à l’e-learning en 2012, on répond encore mieux aux attentes des entraîneurs et athlètes. Tous les cours se font de chez eux, à partir de la plateforme, avec 83 heures de formation. Les cours sont en ligne sous forme de vidéos, de web cours. Il y a aussi deux présentiels de trois jours. Nous sommes quatorze encadrants et tous préparateurs mentaux mais pas seulement. Parmi nous, il y a des professeurs d’université, des enseignants, des entraîneurs, des psychologues… On se bat pour que ce diplôme universitaire ait une fiche RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles), afin que n’importe qui ne puisse pas s’afficher ou se déclarer préparateur mental. »
Quels objectifs sont visés lors des présentiels organisés en Auvergne ?
« Ils permettent de mettre en place des pratiques, des outils indispensables aux préparateurs mentaux. Par exemple, on travaille des entretiens d’explicitation afin d’identifier, à partir d’une expérience vécue par l’athlète, la façon dont il s’y est pris pour réussir ou pas telle ou telle action. À partir de là, on identifie les problématiques posées et on travaille en préparation mentale. Ou mieux, on essaye que l’athlète identifie les forces mises en place pour réussir ou les manques rencontrés, pour essayer de construire un outil lui-même. On a trop tendance à penser à la non-réussite. Il faut aussi travailler sur l’identification de la réussite. C’est important de pointer la faille, mais il ne faut pas oublier de travailler sur la réussite. »
Ces séminaires permettent d’aborder quelles problématiques et de travailler sur quels ateliers ?
« On travaille sur la méditation, l’imagerie mentale, la sophrologie, les techniques de respiration à travers la pratique. On a aussi différents types d’entretiens, tout ce qui touche à la cohésion, la gestion des émotions, de la tension et de la concentration. Tous ces ateliers permettent aux futurs préparateurs mentaux de vivre par eux-mêmes ces différents outils et de les utiliser. »
Ce diplôme est destiné à quel public ?
« On accueille des étudiants francophones et, cette année, on a un Canadien, une Marocaine et un Suisse. Cela équivaut à une promotion de 65 personnes, avec un taux de réussite de 70 à 80 %. Parmi nos stagiaires, il y a des sportifs de haut niveau, des professionnels du rugby, des athlètes, des skieurs, des surfeurs. Il y a un large panel de disciplines. On a même eu des danseurs. Ils ont des prestations à réaliser devant un public et doivent gérer la gestion du stress . Quand on a une chorégraphie qui dure plus d’une heure et des problèmes de mémoire, ils peuvent travailler sur l’imagerie mentale. Comme nous sommes dans le domaine Staps, on préfère quand même prendre des personnes venant du sport. Le préparateur physique prépare et fait évoluer le corps. Le préparateur mental fait évoluer et permet de multiplier les connexions nerveuses. »